Aller au contenu principal

Compte-rendu

Et vous, vous la faites où votre visite médicale?

Et vous, vous la faites où votre visite médicale?

Télécharger (PDF)

Visite médicale , Lit du patient , Couloir , Compréhension patient

Et vous, vous la faites où votre visite médicale?

Télécharger (PDF)

Visite médicale , Lit du patient , Couloir , Compréhension patient

Effect of Bedside Compared With Outside the Room Patient Case Presentation on Patients' Knowledge About Their Medical Care. A Randomized, Controlled, Multicenter Trial

Becker et al., Annals of Internal Medicine, 29.06.2021

Introduction

Par opposition à la visite médicale débutée dans le couloir puis poursuivie en chambre, on attribue à la visite médicale entièrement effectuée en chambre la vertu d’augmenter le temps passé avec le/la patient.e et de favoriser la compréhension qu’a ce/cette derni.er.ère de sa situation médicale et donc l’alliance thérapeutique avec lui/elle. Mais quelle en est l’évidence ? Peut-elle se mesurer ? Y a-t-il aussi des effets délétères ?

Méthode

1’092 patient.e.s randomisé.e.s dans des hôpitaux Suisses-alémaniques pour bénéficier soit d’une visite médicale (avec présence du/de la médecin cadre/sénior) entièrement en chambre; soit d’une visite débutant par une discussion médico-infirmier.ère dans le couloir avant de se poursuivre ensuite en chambre, où les éléments jugés pertinents pour les patient.e.s étaient repris. La visite avait lieu à la première occasion durant la semaine (traditionnellement 1 visite/semaine avec médecin-cadre dans les hôpitaux concernés). Critères d’exclusion : principalement barrière de la langue, démence et hypoacousie. Issue primaire : connaissance subjective de sa maladie selon 3 axes : compréhension de la maladie, de l’approche thérapeutique et du plan de traitement, mesurés sur échelle visuelle analogique 0-100 points. Issues secondaires : connaissances objectives (selon jugement de l’équipe médicale + entretiens structurés dans l’après-midi de la visite par une équipe en « aveugle » par rapport au statut d’inclusion, avec suivi téléphonique à 30 jours); temps passé avec le/la patient.e ; confusion générée par le jargon médical.

Résultats

Pas de différence dans les connaissances subjectives (différence ajustée de 0.09 points ; 95%CI -2.58 à 2.76 points ; P=0.95) ou objectives des patient.e.s. Plus de confusion concernant le jargon médical dans le groupe visite en chambre vs. groupe couloir. Visite totale plus courte (11.89 ± 4.92 vs. 14.14 ± 5.65 minute,s P<0.001) dans le groupe visite en chambre. Dans le groupe couloir, en moyenne 7.27 minutes sont passées dans le couloir et 6.41 avec le patient comparé à 10.68 minutes passées avec le/la patient.e dans le groupe visite en chambre. Les patient.e.s jugent le temps passé avec eux/elles comme suffisant dans les deux cas. Pas de différence de qualité estimée.

Discussion

Même effectuée par un.e médecin cadre senior, la visite en chambre n’avait pas d’avantage manifeste sur celle débutée dans le couloir. Il ressort qu’éviter le jargon médical est un enjeu majeur (y compris de formation) mais est compliqué lorsqu’une visite a lieu entièrement en chambre. Il faut de plus distinguer les visites avec cadres seniors qui ont d’autres buts que la seule prise en charge du/de la patient.e (enseignement) des visites routinières.

Conclusion

Au contraire d’une certaine idée reçue, la visite en chambre avait l’avantage d’être moins chronophage. Une bonne formation est nécessaire à tous niveaux pour tirer les éventuels bénéfices de la visite en chambre et pour contrebalancer les risques (confidentialité, sujets importants évités). Les notions de setting, de quantité et de qualité ne vont certainement pas forcément de pair.

Date de publication Auteurs
30.10.2021

Evrim Jaccard